Bonjour Ivana. Peux-tu nous dire quelle est ton activité professionnelle ?
Bonjour ! Je suis traductrice. Je traduis du français, de l’anglais et de l’espagnol vers le portugais.
Quelles études as-tu faites ? Pourquoi as-tu appris le français ?
J’ai une licence en traduction. J’ai commencé à apprendre le français à l’école, comme 2e langue (la première étant l’anglais à la sortie de l’école primaire), parce que c’était obligatoire et qu’il n’y avait pas d’autres langues à choisir. Bien que j’aie toujours eu de bonnes notes les 3 années obligatoires, je n’aimais pas le français. Alors quand j’ai pu choisir, j’ai changé et j’ai commencé à apprendre l’allemand jusqu’à l’université. J’ai commencé un cours pour être enseignante d’anglais et d’allemand. Ironie du destin, ma mère est allée travailler en Suisse auprès des Nations Unies et j’ai dû partir avec elle. À ce moment-là, tout ce que savais dire en français c’était « Je m’appelle Ivana, j’ai 19 ans » et pas plus que ça. Je suis allée dans une école pendant la première année rien que pour apprendre à parler français. J’ai eu de la chance de connaître deux filles francophones qui sont devenues mes meilleures amies et j’ai pu apprendre à bien parler. Je suis retournée avec tout ce savoir au Portugal et suite à une erreur avec les examens d’accès à l’université je n’ai pas pu intégrer le cours d’enseignante. J’ai donc choisi un cours de traduction, espérant changer l’année d’après. Mais j’ai tellement aimé la traduction et le français que c’est ce que j’ai fini par suivre. C’est donc grâce au hasard que je fais aujourd’hui ce que j’aime vraiment.
Comment t’es venue l’idée de devenir traductrice indépendante ?
Au Portugal on a deux choix : soit on est indépendant et on est rémunéré à la mission, soit on travaille pour une agence et on gagne moins de 1 000 € par mois (dans la plupart des agences). On opte donc pour le premier choix. Le revenu devient plus ou moins stable quand on a des clients réguliers et la différence est significative.
Qui sont tes clients (secteurs d’activités) ?
Mes clients sont plutôt des agences de traduction. Je n’ai des clients directs que très rarement et c’est plutôt pour traduire des documents certifiés.
Comment se déroule une traduction ?
Tout d’abord je consulte mon agenda pour regarder le planning. Il y a des jours où j’ai plusieurs petites traductions à rendre pour le jour même ou le lendemain, ou de grandes traductions que je dois en partie traiter ce jour-là aussi (réparties sur plusieurs jours depuis le début du projet). Je commence selon la priorité du projet à rendre. Si j’ai une grande traduction en mains, je garde toujours la partie de cette traduction-là pour la fin. En traduisant, j’ai toujours plusieurs pages internet ouvertes, comme le dictionnaire de la langue correspondante vers le portugais, Linguee pour m’inspirer avec des synonymes et une page Google aussi pour des synonymes. J’essaie toujours de trouver le meilleur mot possible lorsque la traduction portugaise ne me vient pas tout de suite en tête.
Les différences culturelles entre français et portugais donnent-elles du fil à retordre pour la traduction ?
De nos jours, on trouve tout sur Google, les mots, les expressions. Je ne pense pas que ce soit une barrière.
Qu’est-ce qui est difficile dans ton métier mais également qu’est-ce que tu aimes le plus ?
Le plus difficile c’est de gérer certains relecteurs. Ceux qui sont toujours à la recherche de la petite bête et qui s’efforcent de démontrer que le traducteur a fait un mauvais travail alors que tout ce qu’ils font c’est mettre quelques synonymes et pas plus. Une autre chose est de gérer certains clients qui devraient nous faire confiance, mais qui se méfient tout le temps. Ce que j’aime le plus c’est également mes clients, ceux qui me font confiance, qui ont toujours un mot sympa ou un beau geste à Noël avec un mail, une carte postale, un petit cadeau. Cela fait très plaisir. On me demande souvent si ce n’est pas embêtant d’être toute la journée seule à la maison derrière un écran. Je réponds toujours que non, surtout grâce à cette interaction.
Est-ce que tu penses que le métier de traducteur est un métier d’avenir ?
Oui, on aura toujours besoin de quelqu’un pour traduire des choses, notamment dans les langues plus rares. Avec la traduction automatique, j’ai conscience que les choses changeront un peu dans peu de temps. Mais il faut encore éduquer les gens pour le monde de la traduction. L’autre jour une dame me demandait si je pouvais traduire l’acte de naissance de sa fille. Quand je lui ai dit oui et qu’il fallait aller chez le notaire (on n’a pas le statut de traducteur assermenté au Portugal) et qu’il fallait payer, elle m’a répondu « non, merci » ; elle pensait que je pouvais faire cette traduction vite fait et ne rien facturer. Et je ne la connaissais de nulle part.
Quels conseils pourrais-tu donner à quelqu’un qui souhaiterait s’orienter vers les métiers de la traduction ?
Il faut savoir que pour faire ce métier, il faut être méthodique et respecter les délais. Ceci est très important si on veut fidéliser notre client et si on veut continuer à recevoir du travail. Je conseille aussi l’inscription à une association de traducteurs. L’interaction avec d’autres traducteurs est également très importante, soit sur les réseaux sociaux ou sur place lors d’événements liés à la traduction.